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Lauriane Miara, illustratrice entre mer et montagne

Vous connaissez certainement le magnifique travail de Lauriane Miara qui avait déjà réalisé pour Maille à Part de très jolies illustrations.

Vous les retrouvez sur certains de nos t-shirts et sur les cartes postales et affiches au magasin.

Cette année, nous avons demandé à Lauriane de nous dessiner un motif que nous avons fait imprimer sur un très joli Tencel (lisez notre article de blog précédent si vous voulez en savoir plus sur cette matière).

A l'occasion de la sortie de cette nouvelle collection, nous avons posé quelques questions à Lauriane.

Voici ses réponses tout en douceur, conviction et engagement, bonne lecture!



Lauriane, peux-tu nous raconter ton parcours, comment es-tu arrivée à l’illustration ?

J’ai commencé à dessiner de façon assez frénétique à partir du moment où j’ai pu tenir un crayon. Mon premier souvenir de dessin remonte à la maternelle, il s’agissait d’une baleine.

En grandissant, le dessin a toujours tenu une place importante, que ce soit par plaisir ou

comme exutoire. Toutefois, je n’ai jamais eu l’idée d’étudier les arts: je viens d’un milieu

rural dans lequel la peinture ou le dessin est un loisir et sûrement pas un métier. J’ai fait des

études en sciences de l’environnement, pour m’orienter ensuite vers la recherche et

l’enseignement. Mais entre-temps, je me suis amusée à créer un portfolio et une page

Instagram sur lesquels je présentais mes créations. C’était purement récréatif, mais en 2014,

le Parc National de la Vanoise m’a envoyé un appel d’offres d’illustration auquel j’ai

évidemment répondu. Ayant été sélectionnée, j’ai dû me créer un statut d’artiste-auteur,

puis par bouche-à-oreille, j’ai eu de plus en plus commande. Trois ans plus tard, j’ai pu faire

de l’illustration mon seul métier!





Tu es une artiste très engagée, et tu parviens, avec la douceur de ton trait de crayon à

passer des messages forts pour la préservation de notre environnement, concilier cet

engagement avec ton travail guide tes choix de collaboration ?


Tout à fait. Et je pense que l’inverse est vrai aussi, dans le sens où je reçois des commandes

essentiellement de la part d’organismes liés à la préservation de l’environnement (associations, ONG, réserves naturelles, parcs nationaux, …). Je m’en réjouis car ça donne

vraiment du sens à ce que je fais. Sans ça, je n’aurais pas la même motivation!

À l’origine, j’avais suivi des études en sciences de l’environnement en pensant justement que ça me permettrait d’œuvrer dans la protection de l’environnement. J’ai vite déchanté.

Finalement, je pense être plus efficace dans ce sens avec mes petits dessins!





Tu travailles différents types d’arts graphiques, comment as-tu abordé la demande de

Maille à Part de réaliser une illustration qui serait imprimée sur un tissu au mètre ?


Pour créer ce motif, j’ai tout simplement utilisé les éléments qui caractérisent mes

excursions en montagne, en particulier, mes randonnées sur plusieurs jours voire plusieurs

semaines. Il s’agit pour moi d’itinérer sous les sommets, de déambuler dans les replis, de

s’arrêter aussi, de dormir avec les chouettes. C’est important pour moi de préciser « sous les

sommets » car je n’ai pas d’attirance particulière pour la hauteur, j’aime observer les pics,

mais je ne ressens pas l’envie d’y monter. Je rejette les représentations conquérantes de la

montagne et tout le vocabulaire associé « vaincre, dominer, combattre les éléments, … ».

C’est assez violent quand on y pense, à l’image de ce qu’on fait à la planète. À cela, je

préfère arpenter les vallons, longer les glaciers et monter les cols. Vivre avec la montagne,

pas contre.





Tu as réalisé de très belles illustrations pour Maille à part, figurant des renards ou des ours notamment. Parmi les animaux que tu dessines, as-tu certaines espèces particulièrement à cœur de représenter ?

Certaines sont-elles plus difficiles que d’autres à figurer ?


Le renard et l’ours ont une belle place dans mon bestiaire ! Les animaux forestiers en

général : le cerf, le blaireau, la chouette, le loup, … Ceux que je vois le plus souvent,

finalement. Parallèlement, je peins beaucoup de cétacés (baleines et cachalots

essentiellement). Comme je le disais plus haut, cette pratique remonte à l’enfance et ne m’a

jamais quittée. En faisant de la psychologie de comptoir, je dirais que je suis une anxieuse de longue date et que dessiner/peindre des baleines a toujours eu un effet anxiolytique sur

moi. Cet animal est si calme, planant et enveloppant…


Arrives-tu à t’échapper comme tu le souhaites sur les chemins de randonnées ?

Est-ce que ce sont des moments où tu dessines ?


Je ne peux pas m’en plaindre, mais il est vrai que j’ai de moins en moins de temps à

consacrer à la montagne car j’ai de plus en plus de commandes et de projets personnels

comme les expositions ou les bandes dessinées. Heureusement, j’adore ce métier !

Quand on travaille à son compte, il n’y a plus de limites d’horaires, ni de notion de week-

end, vacances ou jours fériés. Il faut faire attention à ça, surtout quand on est passionné par

ce qu’on fait. Cette année, je dois justement m’atteler à retrouver un bon équilibre

peinture/montagne!

Donc, depuis un an environ, quand je vais en montagne, j’en profite plutôt pour ne pas

dessiner. Cet été par exemple, je suis partie marcher trois semaines dans les montagnes

écossaises. J’avais de quoi dessiner dans le sac, mais finalement, je n’y ai presque pas

touché. J’avais besoin de laisser ma tête respirer !





Tu as récemment vécu une résidence sur un bateau au large de l’Islande. Cette île mélange magnifiquement la montagne et la mer. Tu habites en montagne, mais pourrais-tu troquer la neige et le froid pour les embruns ?


Je pense que oui, au moins temporairement ! Ce que je cherche, ce sont les grands espaces

sauvages, pas nécessairement la hauteur. Toutefois, si la mer se combine à la montagne,

comme en Islande, alors c’est l’apothéose!

Depuis cette année, la vie et les rencontres m’envoient vers de la mer : j’ai embarqué sur le

voilier ATKA cet hiver et je viens de terminer un BD sur une algocultrice bretonne (À contre-

marée, éditions Panthera. Par la suite, j’ai d’autres projets liés à la mer et/ou à la navigation qui devraient voir le jour. Je m’en réjouis car si je vis en montagne et que je crée à partir d’elle, j’ai toutefois une attirance très forte pour la mer. Je connais beaucoup moins cet univers, c’est ce qui est intéressant : elle reste pour moi un fantasme, nourri par un imaginaire très riche. Or, s’il y a une chose que j’aime par-dessus

tout, c’est rêver.

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